Célébrer une rencontre

Au cours de ces quatre journées, nous sommes allés à la rencontre de ces deux âmes fortes, l’une imprégnée des paysages et de la vie de ces Hautes Corbières, l’autre tout aussi imprégnée de son histoire.
Deux âmes. L’une enfermée dans un corps humain, l’autre dans un bâtiment de pierre, chacune à la recherche de sa meilleure expression.
Et puis…une rencontre, une amitié tissée jusqu’à l’émanation de chacune en l’autre. Le château de Lanet ne serait pas tel qu’il est aujourd’hui sans Max Savy , c’est une évidence. Mais Max Savy lui-même aurait-il exprimé si bien son talent ailleurs qu’en ces murs ?
C’est tout le sens que les amis du château de Lanet ont voulu donner à cet «hommage à Max Savy en son château».
À la recherche de l’homme derrière l’artiste, à la recherche de l’âme sertie dans les pierres, nous avons vécu un événement plein d’émotions.








Bien décidés à faire les choses en grand, les bénévoles de l’association se sont mobilisés quatre jours durant.
Il a fallu aller récupérer les toiles aimablement prêtées par le Musée de Beaux Arts de Carcassonne. Dix sept des soixante dix toiles encore présentes dans le château au décès du peintre et qui avaient fait l’objet d’une donation au musée. Les emballer, les transporter, les faire revenir sur le lieu même de leur création…c’était déjà une émotion.
Ajoutons à cela les toiles très gentiment prêtées par leurs propriétaires, ce ne sont pas moins de vingt-cing œuvres de Max Savy qui s’installaient dans les salles du château
Et puis, une fois les toiles accrochées, nous avons sorti de la boîte à souvenirs des documents, des cartons d’invitation, des œuvres en lien avec des amis de Max Savy… Sans oublier les photos du château. Peu nombreuses mais édifiantes. Le château de Lanet en 1966 était au bord de la ruine. Et c’est l’inflexible volonté de Max, son talent monnayé au quotidien qui l’ont rendu tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Toute une ambiance dont le point d’orgue était la voix rocailleuse de Max, habitant de nouveau ces pierres ; le « peintre en son pays » expliquait par écran interposé son éternel « espoir de faire mieux le lendemain ».
C’est dans ce cocon que sont venus s’exprimer nos conférenciers. Des personnes à qui nous avions demandé de nous montrer, derrière l’artiste si largement connu et reconnu, l’homme. Celui qui fut résistant, instituteur, professeur, celui qui fut leur ami ou celui de leurs proches, celui qui a laissé sa trace dans leur mémoire. Et là encore, c’est avec beaucoup d’émotion, de chaque côté du micro que le nom de Max Savy fut évoqué.
Bernard Trémège, l’élève du Bastion qui a reconnu en ce professeur atypique un mentor qu’il n’a eu de cesse de retrouver, jusqu’à ce jour ou presque par hasard, ses pas l’ont mené à Lanet. L’idée de réaliser un film est venue conjointement, naturellement, entre le peintre conteur et le réalisateur. Pour notre plus grand plaisir, tellement ces cinquante minutes de Max Savy se racontant, devant ses toiles, dans les murs se son château, sont à la fois vivantes et vibrantes.
Jean Lemoine n’a pas suivi l’enseignement de Max. Il n’est venu à l’histoire de l’art qu’après sa vie professionnelle. Mais pour rédiger sa thèse, le sujet étant l’œuvre de Max Savy, il est venu à Lanet chaque mois pendant plus de deux années. Aussi a-t-il bien connu et apprécié l’homme en plus de l’œuvre. Ce 10 mai il nous a offert un témoignage touchant en nous partageant sa découverte d’un poète qui écrivait les Corbières comme Savy les peignait.
Charles Camberoque a d’abord connu les Savy comme un amis de ses parents. Jean Camberoque était peintre lui aussi, et les débuts de Max étaient très « teintés » Camberoque. Charles, lui est photographe et il nous a parlé avec beaucoup d’humour de ce petit monde d’artistes qui gravitait dans nos hautes Corbières autour des années 70. Les Camberoque et les Savy, bien sûr, et aussi Michèle et Jean Deschamps, depuis le château de Serres…Une ambiance de franche amitié, l’amour de l’art sous toutes ses formes et de la vie en particulier.
Philippe Ramon, neveu du poète et philosophe René Nelli a évoqué pour nous avec beaucoup de justesse cette génération d’artistes. Il a mis en avant l’amitié enracinée autour de Joe Bousquet, les points communs et les différences dans lesquels on cherche toujours assez vainement des raisons à une évidence. Mais il nous a superbement décrit parlé de ces fortes personnalités que furent René Nelli et Max Savy, des personnes rares, profondément imprégnées de cette terre et de son histoire. Au point, l’un comme l’autre, d’avoir connu la notoriété sans jamais « monter » à Paris.
En plus de ces piliers, nous avions recueilli des témoignages de Lanétois. Des personnes ayant connu Max Savy, ici à Lanet. Des voisins, des artisans venus travailler au château… Un peu difficile d’en faire une présentation de style conférence, mais ces témoignages ont été transmis au fil d’échanges moins formels avec les visiteurs. Et tous ont apprécié les anecdotes !
Se rencontrer
Autour de l’événement principal constitué par l’hommage à Max Savy, les visiteurs ont pu participer à une tombola dotée de deux gros lots.
C’est Jean Pierre Viguier qui a gagné la reproduction sur toile du « Mourèze de bronze » tandis que l’ouvrage de Suzanne Nelli illustré par Max Savy était remporté par Hans De Vries.Deux gagnants comblés !
La soirée du samedi nous a permis d’accueillir le propriétaire du château de Durfort.
Ce château près de Vignevieille a été très inspirant pour Max Savy qui l’a peint (pas moins de treize fois !), l’une de ces toiles devenant l’étiquette toujours apposée sur ce succulent vin des Corbières.
Le Cellier des Demoiselles, cave de Saint Laurent de la Cabrerisse qui commercialise le Château de Durfort proposait également un vin blanc et un vin rosé.
La dégustation soutenue par de superbes plateaux de délicieux grignotages, préparés par les Amis du Château de Lanet, fut un beau succès.

La Compagnie de Ségure était présente en nos murs le vendredi 9.
Avec une création originale jouée pour la première fois à Lyon en 2016. « Le meilleur des trois » aborde sous l’angle inédit du supporter de football la traversée de trois générations. Une prestation assez époustouflante de Patrick Chevalier et Muriel Kiener.
Et un public ravi, parfois étonné de s’être senti si familier de ce sport qui souvent l’indiffère.
Chaque journée se terminait par le verre de l’amitié, la traditionnelle marquisette.
Après le théâtre, malgré un temps un eu frais et incertain, nous avons tout de même pu dresser quelques tables dans la cour intérieure et nous régaler d’assiettes anglaises, assiettes végétariennes et desserts concoctés par les membres de l’association.
Savourer et remercier
Cette très belle fête, étendue sur quatre journées, avait été annoncée.assez largement et notamment par un grand article dans l’Indépendant.Il semble pourtant que certains l’aient appris un peu trop tard, d’autres ont pu renoncer face à l’éloignement (Lanet a la réputation d’être au bout du monde !) ou au pessimisme météorologique…
Elle n’en fut pas moins une réussite ! Et nus sommes fiers d’avoir pu mener à bien cet hommage au tout-premier Ami du Château, Max Savy, qui continue à nous inspirer.
Nous remercions chaleureusement le Musée de Carcassonne, mais aussi Janine, Brigitte, Maurice, Christine (et ses sœurs) qui, en nous prêtant ces œuvres, ont permis, d’une certaine façon, de faire revivre, quelques jours, Max Savy en son château.
Et nous remercions tout aussi chaleureusement les nombreux bénévoles qui en assumant de façon quasi professionnelle, la logistique, l’accueil et l’animation, ont rendu tout ceci possible.
